Une certification de patient-expert addictions au carrefour des savoirs expérientiels du patient rétabli de ses conduites addictives et des activités des acteurs des soins.
La certification “Exercer une activité de patient expert dans le champ des conduites addictives permet à des personnes ayant vécu une période de troubles de l’usage et l’expérience d’un rétablissement d’attester de compétences expérientielles et de savoirs complémentaires pour s’insérer dans les projets de soins et d’accompagnements des équipes soignantes, médico-sociales, sociales et associatives. FPEA et l’AP-HP (centre de développement des compétences) sont co-certificateurs.
Le parcours de formation certifiante se déroule en trois phases : recevabilité et accueil, pour valider les prérequis et co-construire des préconisations respectueuses de l’histoire singulière de la personne; parcours de formations, de compléments d’expériences, de mise en lumière de ses compétences; certification sur la base d’un entretien avec un jury paritaire et de la production d’un livret de certification en lien avec les 7 compétences clés du référentiel d’activités compétences de la certification.
L’ensemble du parcours se déroule sur une année, il est gratuit*, à entrées sorties permanentes et entièrement à distance, avec un espace numérique de travail accueillant les formations, basées sur la pair-apprenance et la classe inversée, dans des espaces d’échanges et de collaboration autour du livret de certification.
(*) Dans le cadre du projet “Développer et sécuriser la place des patients experts addictions dans les parcours de soins”, financé par le Fonds de lutte contre les addictions.
Depuis 2020, 96 certifié-e-s sur le parcours FPEA, depuis 2018, 49 sur le parcours AP-HP. La durée médiane du parcours est d’un an, mais jusqu’en 2022, les candidats avaient 3 ans pour réaliser les préconisations. La médiane est de 10 mois depuis 2023. Répartition homme / femme : 62% / 38% avec un objectif de parité.
Effort de travail estiimé : 130 heures, dont 100 heures à temps choisi. Temps moyen d’accès au parcours inférieur à 2 mois (entrées sorties permanentes).
Taux de réussite proche de 100% pour les personnes ayant terminé le parcours (10% d’abandons, sur les parcours de 3 ans). Taux d’insertion au 30 juin 2024 : 93%, dont 50% sur des activités rémunérées (salariat ou prestation)
Les personnes concernées par une reconnaissance de travailleur handicapé représentent 20% du public de la certification. Une prise en compte de leur situation leur est proposée pour adapter le parcours.
Les personnes ayant l’expérience personnelle de troubles de l’usage, avec ou sans produit, légal ou illégal, et ayant l’expérience d’un rétablissement, avec un projet d’activité dans le cadre général du travail pair, en lien avec des équipes soignantes ou médico-sociales, sociales ou des associations d’usagers.
Ces personnes peuvent avoir une expérience de pair-aidance : dans les associations d’usagers, dans les services de santé, médico-sociales ou de santé au travail.
Il n’y a pas de condition liée à un niveau de diplôme en formation initiale.
Des actions de remédiation et d’assistance technique sont proposées aux personnes éloignées de l’usage des outils numériques.
*En France, le terme de patient expert est défini par la Professeure Catherine Tourette-Turgis, fondatrice de l’Université des Patients (Paris Sorbonne, Chaire des Vulnérabilités) comme « un patient qui a acquis une expertise ayant donné lieu à une validation, une qualification ou une reconnaissance l’autorisant à exercer des fonctions, réaliser des missions, délivrer des enseignements, assurer différents rôles dans et hors du système de santé »
Nous nous inscrivons dans ce cadre de validation et de reconnaissance, en apportant aux personnes candidates un cadre professionnalisant, respectueux de leur histoire singulière : bienveillant et individualisé.
A l’issue de la formation, et après validation des sept compétences clés du référentiel d’activité compétences, les titulaires de la certification sont en mesure d’intervenir sur leurs missions propres au sein des équipes pluridisciplinaires et des projets de soins et d’accompagnement, dans les associations d’usagers, dans les équipes de santé au travail.
Ils peuvent accompagner et orienter les pairs encore sous l’emprise de troubles de l’usage. Ils peuvent participer à des actions de prévention en direction d’adultes, contribuer à la formation initiale et continue des professionnels de la promotion de la santé et du social, être acteurs de la démocratie sanitaire.
Ils ont transformé leurs savoirs expérientiels issus de leur histoire avec des troubles de l’usage et de leur parcours de rétablissement en compétences professionnelles opérationnelles.
Ils ont réalisé un travail réflexif sur leurs compétences en rédigeant un livret de certification au regard du référentiel de d’activités compétences.
Ils ont développé leur pouvoir d’agir, et peuvent contribuer, par leur capacité à provoquer une identification positive et leur bilinguisme à la réduction du délai de recours aux soins et du risque de décrochage des soins pour les personnes concernées par les troubles de l’usage.
Ils réalisent leurs missions, par leurs compétences validées et leur expérience élargie, dans un contexte de sécurité pour les patients/usagers, pour les soignants et pour eux-mêmes.
Trois prérequis sont exigés pour l’entrée dans le parcours de formation certifiante :
Ces prérequis sont présentés par la personne candidate dans un “livret de recevabilité” et font l’objet d’un échange lors de l’entretien d’accueil.
À noter : une expérience antérieure de pair-aidance dans le champ des conduites addictives n’est pas exigée, mais permettra de co-construire des préconisations de parcours prenant en charge ce savoir expérientiel.
(*) Les projets qui consisteraient à “labelliser” une activité solitaire autour des addictions, y compris en complément d’activités relevant d’activités dites alternatives aux prises en charge pluridisciplinaires reconnues, ne sont pas recevables.
Le parcours de formation complet représente 136h d’effort candidat, dont 109h à temps choisi. Cette durée comprend le temps de rédaction du livret de certification et un stage en immersion professionnelle de 35h. La durée totale peut varier en fonction des préconisations co-construites lors de l’entretien d’accueil. La prise en compte d’expériences et de compétences existantes peut raccourcir le temps consacré aux formations, la préconisation d’une durée de stage(s) supérieure à 35h peut allonger l’ensemble.
Les formations en lien avec le référentiel d’activités compétences couvrent les thèmes suivants :
– Compléments en addictologie générale ( Panorama des produits et comportements en lien avec les troubles de l’usage, Approche des mécanismes sous-jacents aux troubles de l’usage, La réduction des risques et des dommages, Les chemins et états de rétablissement)
– Accompagnement au changement (Approche des psychothérapies brèves, Approche de l’entretien motivationnel, Approche de l’Éducation Thérapeutique du Patient, Posture de travail avec une équipe pluridisciplinaire)
– Orientation et prévention (Dispositifs de soins, parcours de soins, accès aux droits, Axes de prévention et dispositifs validés)
– Formation professionnelle d’adultes (Techniques opérationnelles et cadre réglementaire, Panorama des formations initiales et continues des professionnels de la promotion de la santé)
Des ateliers méthodologiques sont proposés :
– Prise en maini de l’espace numérique de travail
– Jalonnement, Tutorat et Livret de certification
– Insertion dans les dispositifs de soins et d’accompagnement
Pour aller plus loin, hors référentiel d’activités compétences
– Participer à des programmes de recherche, publier
– Représenter les usagers dans les instances de santé publique
Enfin, les candidats sont encouragés à suivre deux Moocs, quand ils sont disponibles en ligne :
– Comprendre les addictions (Université Paris-Saclay, sur FUN-MOOC)
– Six clés sur les addictions et le pouvoir d’agir (Oppelia)
Les candidats sont invités dans l’espace numérique de travail, et après signature de leur contrat de formation, ont accès à un ensemble de ressources en lien avec leurs préconisations.
Les modules de formation sont organisés selon la modalité de classe inversée : après inscription à un module, via un calendrier de rencontres proposé par trimestre, ils sont invités dans l’espace de travail du module, qui comprend une messagerie instantanée, un fil de publications et un espace documentaire.
L’espace documentaire est organisé en trois répertoires : documentation à consulter avant la rencontre avec l’intervenant, pour s’approprier le sujet, supports liés à la rencontre, documentation pour aller plus loin sur le sujet.
Les rencontres sont proposées au moins une fois par trimestre, pour permettre aux candidats de choisir un moment de rencontre adapté à leurs contraintes d’agenda, donc potentiellement 3 fois sur la durée du parcours.
Principe de pair-apprenance : Les candidats peuvent échanger dans la messagerie instantanée de l’espace du module, proposer des contributions dans le fil de publications, ajouter des documents dans l’espace documentaire.
Les rencontres synchrones sont proposées hors temps de travail, pour permettre aux candidats en emploi ou en recherche d’emploi de participer à ces rencontres.
Les supports de présentation sont disponibles en PDF et en replay sur la plateforme.
Les modules de formation font l’objet d’une évaluation formative, sous forme de quizz ou de travail à réaliser.
Concernant le livret de certification, les candidats disposent d’un espace privé collaboratif, qu’ils partagent avec leur tuteur ou tutrice pour une édition colllaborative des documents. Un document de jalonnement permet d’organiser le projet de formation. Une grille de positionnement permet d’analyser ses savoirs expérientiels.
A tout moment, les candidats ont accès à un support technique et pédagogique sur la plateforme. Les candidats concernés par une reconnaissance de travailleur handicapé ont accès à des ressources propres et disposent d’un parcours aménagé.
La Docteure Olivia Gross dans « l’engagement des patients au service du système de santé (2017) définit différents critères pouvant caractériser l’expertise des patients :
Le savoir-faire : avoir des compétences pour exécuter une tâche dans une situation donnée, transformer ses connaissances en actions : savoir et savoir-agr.
Le savoir-être : inventer, avoir de l’intuition, de la sensibilité, de l’humilité, avoir confiance en soi, savoir tisser des liens
Le faire-savoir : communiquer, savoir mettre en forme, transmettre
Le savoir analyser : résoudre des problèmes, avoir un regard éclairé sur ses missions, respecter la juste distance.
Le devoir être : rester dans la neutralité, la confidentialité, la transparence et l’éthique.
Le vouloir agir : S’engager, iniitier des actions, progresser et faire progresser l’autre
Le savoir : identifier l’expérience, mobiliser ses connaissances, trier les informations, savoir apprende
Les aptitudes attendues à l’entrée dans le parcours de formation, au delà des prérequis, sont une capacité à échanger par écrit, par téléphone et par visio, disposer d’une connexion internet personnelle ou accessible, être en capacité d’utiliser un traitement de texte, savoir interagir sur un réseau social, avoir une adresse de courriel personnelle.
Des outils de mise à niveau seront proposées aux personnes en difficulté avec les outils numériques, dans une démarche d’inclusion.
Le référentiel d’activités / compétences de la certification comprend sept compétences clés autour de
l’accompagnement, communiquer et conduire une relation avec les patients/usagers dans les phases de leur parcours de soins et d’accompagnements.
du prendre soin de soi, analyser et confronter sa pratique de patient expert afin d’exercer son activité dans un contexte de sécurité émotionnelle et psychologique
de l’orientation des personnes, à l’intérieur du parcours de soins et en poursuite vers des structures du territoire
de la collaboration avec les équipes pluridisciplinaires, élaborer et mettre en oeuvre des projets de soins et d’accompagnement, communiquer avec les équipes
de la prévention, collaborer et mettre en place des actions de préventions en direction d’un public adulte
de la formation d’adultes, former et informer les acteurs de santé et d’accompagnement social, les professionnels de la santé au travail, les patients-experts, les patients/usagers, les étudiants.
de la participation à la démocratie sanitaire. en s’inscrivant dans le partenariat en santé pour le fonctionnement des structures et l’organisatoiin des dispositifs de soins et d’accompagnements.
Le délai moyen d’accès est inférieur à 2 mois. Des entretiens d’accueil ont lieu chaque mois (sauf en août), en visioconférence.
Les candidats à l’admission réalisent un entretien avec une commission paritaire (un patient expert addictions et un professionnel de l’addictologie) où sont validées les conditions d’entrée dans le parcours. Une analyse des compétences existantes, co-construite avec la personne candidate, et la prise en compte du projet permettent de co-élaborer des préconisations de formation et de stages. La personne candidate est alors invitée à rejoindre l’espace numérique de travail et la communauté de pratiques et d’usages en ligne.
L’équipe pédagogique, en lien avec l’équipe projet “Développer et sécuriser la place des patients experts dans le champ des conduites adddictives” et avec la gouvernance de FPEA est constituée de six intervenants internes et externes ayant intégré les sujets abordés dans leurs pratiques professionnelles.
Chaque candidat dispose d’un tuteur (H/F) pour l’accompagner dans le jalonnement de son parcours et la rédaction du livret de certification.
Un responsable de formation coordonne l’activité des intervenants, informe les candidats. Un support technique est disponible pour s’approprier l’environnement numérique de travail et gérer les questions posées.
Un référent handicap met à disposition les ressources nécessaires pour répondre aux besoins des personnes concernées.
Une personne est chargée du suivi administratif. Les membres de l’équipe pédagogique sont accessibles à tout moment depuis l’espace numérique intégré.
Chaque candidat arrive avec la richesse de son histoire singulière, personnelle, professionnelle, de troubles de l’usage et de rétablissement.
Dans un contexte de pair-apprenance, les candidats peuvent proposer des contributions, générales ou dans les espaces de formation, sous forme de documents, de liens, ou de partages d’expérienes. Leur participation active est attendue et encouragée.
La modalité de classe inversée permet à chaque personne candidate de s’approprier à temps choisi les sujets de formation, pour enrichir les temps de rencontre avec les intervenants. Un espace documentaire permet également “d’aller plus loin” sur les sujets abordés.
La formation est intégralement en ligne et utilise des outils de visioconférence et de collaboration documentaire, des messageries instanténées, des fils de publications, des agendas partagés.
L’espace numérique de travail comprend deux outils principaux :
– Basecamp, pour la communauté de pratiques et d’usage, les formations, la veille autour des troubles de l’usage et de la pair-aidance, les temps d’analyse de pratique et de supervision.
– OnlyOffice DocSpace, pour le travail collaboratif avec le tuteur ou la tutrice sur le livret de certification.
Les modules de formation font l’objet d’une évaluation formative, qui permet aux candidats de vérifier leur acquisition des objectifs pédagogiques.
L’évaluation finale (normative) est basée sur :
– le respect des préconisations (formations à suivre, stages)
– la rédaction d’un livret de certification démontrant la maîtrise des sept compétences clés du référentiel d’activités compétences.
Un entretien de certification en visioconférence avec un jury paritaire (deux patients experts addictions certifiés et deux professionnels de l’addictologie (praticiens et employeurs) permet de valider le parcours de certification.
Si les sept compétences clés ne sont pas validées, le jury proposera des préconisations pour un nouvel entretien ultérieur.
L’accès au parcours de formation se fait sur demande, via cette page web, par mail, ou par contact téléphonique.
La demande est qualifiée par la rédaction d’un livret de recevabilité en ligne qui permet d’évoquer les prérequis et le projet de la personne candidate.
Un entretien d’accueil en visioconférence est organisé pour permettre de confirmer l’entrée dans le parcours (ou de proposer une réorientation de la demande), puis d’analyser les compétences de la personne candidate afin de co-construire les préconisations pour le parcours de formation.
Il n’y a pas de condition de diplôme en formation initiale pour accéder à la formation.
Les entretiens d’accueil sont organisés chaque mois de l’année (sauf au mois d’août)
Aller au bout du parcours : c’est le cas pour plus de 90% des candidats. Les principales causes de rupture : nouveau projet professionnel, mise à distance des problématiques de troubles de l’usage pour la poursuite du rétablissement des personnes. La durée du parcours sur 3 ans (jusqu’en 2022) était plus à même de provoquer des ruptures de parcours que la nouvelle durée de 1 an, depuis 2023.
Obtenir la certification : c’est le cas pour 100% des candidats qui vont au bout du parcours, pour 3% d’entre eux après un deuxième entretien de certification, car ils n’ont pas validé les sept compétences au premier entretien, et on reçu des préconisations pour finaliser leur projet.
Une enquête sur l’insertion des patients experts certifiés est menée tous les 6 mois. La dernière enquête, de juin 2024 (taux de réponse de 80%) montre que 93% des répondants sont insérés comme patients experts addictions, bénévoles, salariés et prestataires.
50% d’entre deux ont une activité rémunérée, comme salarié ou prestataire, parfois complétée avec des activités bénévoles.
Les lieux d’activité : asociations d’usagers, services d’addictologie (hospitalisation, hôpital de jour, soins de suite), établissemeents médico-sociaux (CSAPA, CAARUD, Communautés thérapeutiques), services de santé au travail, notamment dans la fonction publique territoriale, groupes autosupport en ligne, Forum Addict’Aide.
L’absence d’un statut officiel est un frein à l’insertion, et FPEA accompagne les patients-experts certifiés dans leurs démarches, participe aux groupes de travail régionaux et nationaux sur la pair-aidance dans les addictions.
Le conseil de perfectionnement de la certification est animé par les deux co-certificateurs : FPEA et l’AP-HP. Ses missions :
Il se réunit une à deux fois par an, et est composé de 33 membres, représentant, outre les co-certificateurs, les professionnels de l’addictologie, praticiens et sociétés savantes, les employeurs, les associations d’usagers, la tutelle (Ministère de la santé, Mildeca, CNAM), des acteurs du champ social et du champ universitaire.
Les patients experts addictions témoignent de leurs missions et activités dans les média, lors de colloques ou de congrès d’addictologie, lors de salons professionnels, notamment Préventica, sur LinkedIn, sur la page Addict’Aide et la page FPEA, lors de formations initiales et continues des professionnels de la promotion de la santé.
La Newletter de FPEA se fait l’écho régulièrement de ces témoignages, avec un focus sur les activités d’un patient expert addictions.